10 fautes que même les bons auteurs laissent passer
- Éric Moutereau
- 9 sept.
- 3 min de lecture

Il écrivait bien, certes. Mais il semait des fautes, parfois...
À première vue, tout semblait en ordre. L’histoire tenait debout, les dialogues respiraient l’authenticité, et la plume glissait comme un canot sur un canal sans rides. Mais à y regarder de plus près surgissaient les accrocs. Des erreurs tapies dans l’ombre, comme ces vilains petits secrets qu’on cache derrière des tournures joliment travaillées.
Les bons auteurs font des fautes. Pas par négligence. Par habitude. Par automatisme. Par fatigue. Par excès de confiance aussi, parfois. Et c’est là que le correcteur professionnel entre en scène, stylo à la main, œil vissé à la loupe, prêt à repérer ce que l’auteur ne voit plus.
Voici dix fautes très courantes, même chez les plumes les plus affûtées. À lire, à retenir… et à confier sans honte à un œil extérieur.
1. L’accord du participe passé avec “avoir”
Les lettres qu’il a envoyé sont restées sans réponse. ❌→ Les lettres qu’il a envoyées… ✅
L’erreur classique. L’auteur connaît la règle, mais l’oublie sous la pression du rythme. Avec avoir, le participe s’accorde avec le COD s’il est placé avant. Et c’est souvent là que la coquille se glisse.
2. L’accord du participe passé avec “être”… mais pas toujours
Elles se sont permises d’entrer sans frapper. ❌→ Elles se sont permis d'entrer… ✅
Ici, la règle est celle-ci : soit le pronom réfléchi se est un COD, auquel cas on accorde le participe passé, soit il est un COI et l'on ne l'accorde pas. Posons-nous deux questions : Elles ont permis quoi ? D'entrer. À qui ? À se, donc à elles-mêmes ; se est donc COI et le participe passé reste donc invariable.
Les verbes pronominaux sont de redoutables caméléons. L’accord dépend du sens, du rôle du pronom… un terrain glissant, même pour les pros.
3. Les mots confondus par homophonie
Il en est le garant, quoi qu’il en coûte. ✅mais aussi… Quoi qu'il t'écoute souvent... eh bien, pas ici. ❌ → Quoiqu'il t'écoute souvent… eh bien, pas ici.
Confondre quoi que (conjonction) et quoique (bien que), ou partie/partie, sensé/censé, inclinaison/inclination… Des classiques.
4. L’accord de l’adjectif de couleur composé
Des robes bleu marine. ✅mais aussi… Des yeux vert pâle. ✅jamais verts pâles ❌
Si la couleur est composée de deux mots, elle reste invariable. Sauf si le deuxième mot est un adjectif de couleur, lui aussi (bleu-vert, par exemple).
5. Le “tiret” mal choisi
Elle hésita — puis partit. ✅ (Tiret demi-cadratin, incise élégante.)
Elle hésita - puis partit. ❌
La typographie, souvent reléguée au rang de détail, est pourtant le costume du texte. Mal ajustée, elle fait plisser l’œil.
6. L’accord du sujet inversé
Restent l’ombre et la lumière. ✅Reste l’ombre et la lumière. ❌
Lorsque le sujet suit le verbe, l’accord se fait avec l’ensemble du groupe nominal, pas avec le mot le plus proche.
7. Les liaisons dangereuses… à l’écrit
Tu as eu affaire à un drôle de type. ✅mais certains écrivent… Tu as eus affaires… ❌
Les liaisons orales induisent en erreur à l’écrit. L’exemple typique : tu as eu (jamais de “s” à eu). L’oreille nous trahit.
8. La majuscule de trop (ou de pas assez)
Le président de la République ✅ (fonction avec article défini)
Le ministre de l'Éducation nationale ✅Le Ministre de l'éducation nationale ❌
Entre nom commun et titre institutionnel, la majuscule fait souvent débat. Mais les règles sont là. Subtiles, mais là.
9. Les répétitions invisibles
Il se leva, se leva encore, mais rien n’y fit. ❌ Il se leva, puis se rassit, mais rien n’y fit. ✅
Certaines répétitions passent inaperçues à la relecture de l’auteur — mais sautent aux yeux d’un tiers. C’est là qu’intervient l’œil du correcteur, entraîné à voir ce que vous ne voyez plus.
10. Les verbes mal conjugués par contamination mentale
Ils croivent que… ❌ Ils croient que... ✅
Devant toutes celles et ceux… ❌ Devant toutes celles et tous ceux... ✅
Un correcteur peut aider à rétablir la réalité face à certaines tournures fautives assenées par les médias, entre autres.
Le fin mot de l’histoire
Ces fautes ne sont pas graves. Elles sont humaines. Mais elles font vaciller la crédibilité d’un texte, surtout dans un manuscrit destiné à l’édition. Le lecteur ne pardonne pas ce que l’auteur n’a pas vu.
Et c’est bien pour cela qu’un regard professionnel, formé, exigeant et bienveillant, reste le meilleur allié des plumes, même les plus talentueuses.
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